Depuis 2010 ces voyages m’ont permis de mieux comprendre notre monde, de voir où nous en étions, où en étaient les autres, et deviner la trajectoire, l’évolution disons-le, « la croissance » à venir des pays en voie de développement.
Il faut voir l’Inde en mouvement, l’Afrique en devenir ou l’ambition sud-américaine pour comprendre l’inertie dans laquelle notre espèce toute entière est lancée. Le monde que nous connaissons : Europe, Amérique du nord et Océanie, est un monde minuscule, à peine 15% de la population mondiale.
Et c’est pourtant le modèle de vie de ces 15% qui est en passe d’être copié par les 85% restant. Une question se pose alors, ce modèle est-il applicable à 8 milliards d’humains?
Il l’est certainement, mais à très court terme et au prix de toutes les autres espèces et de notre futur. C’est pour l’instant la voie que nous suivons et nous avons déjà fait disparaître plus de la moitié des vertébrés, détruit plus de la moitié des forêts mondiales selon l’ONU, et épuisé entre 45% et 70% des réserves mondiales de pétrole selon Colin Campbell.
Il m’a fallut 7ans, beaucoup de discutions, de réflexions et de rencontres pour digérer cet état de fait, l’analyser et me défaire de cette attitude réactionnaire face au problème. J’ai compris que la colère que provoquait chez moi chaque annonce d’une nouvelle disparition d’espèce animale, chaque geste non « éco-responsable », chaque discours ou nouvelle loi défendant l’utilisation de pesticides ou la destruction d’environnements fragiles, ne mènerait à rien.
Je me suis aussi aperçu que les personnes que je côtoyais dans mon quotidien étaient déjà au courant de tout cela et que le sujet revenait régulièrement, la discussion se terminant toujours de la même façon, concluant à l’incapacité de nos dirigeants à prendre les bonnes décisions. En résultait un sentiment d’impuissance amenant parfois à la colère.
Cela m’a fait penser à un comportement que je connais bien par mes voyages, celui consistant à se plaindre perpétuellement de son pays, sans pour autant envisager une seule seconde de le quitter. Paradoxale non? Décelant parfaitement cette attitude au cours de mes vas et viens entre mon pays et l’étranger, j’en étais tout de même parvenu à reproduire ce même schéma à travers mon comportement sur la gestion de notre planète.
Un des déclics fût la chanson d’un chanteur que j’apprécie « Resistance » de Naâman. Elle traduit à mon sens toute l’énergie que notre génération dépense à résister contre un système qui ne nous paraît ni naturel ni logique. Chaque jour est un combat entre d’un coté notre éthique qui nous dit seconde après seconde que notre place n’est pas dans ce gain d’argent à tout prix en écrasant l’autre et la nature, et notre besoin de vivre confortablement et intégré socialement.
Malheureusement les décennies précédentes nous montrent que toute cette énergie dépensée dans la lutte ne marque que quelques victoires ponctuelles, qui nous semblent être des montagnes alors qu’elles ne sont qu’anecdotiques par rapport à l’avancement global du système de consommation et d’exploitation. Nous dépensons donc une énergie folle à nous « battre contre », à « résister » sans que cela n’ai d’autre effet que d’apporter de l’eau au moulin et excentrer le débat sur des variables minimes tel que l’interdiction de la corrida ou le bien-être des chiens errants alors que dans le même temps des millions d’espèces disparaissent pour que nous puissions continuer à manger du Nutella, et pianoter sur nos téléphones dont les composants sont extrais de mines qui ont remplacées des forêts primaires.
Si la résistance n’a aucun effet où trouve t-on l’espoir? Je me suis déjà posé cette question. Comme beaucoup en attendant d’y répondre, j’ai répandu la bonne parole, sensibilisé ceux qui pouvaient l’être au problème et adapté autant que faire se peut mon mode de vie à ma façon de penser. Mais cette attitude n’est pas systémique, des milliers de personnes l’avaient déjà il y a 20, 30, 50 ans sans que cela n’ai rien changé.
Les données sont différentes aujourd’hui. Une bonne partie d’entre nous a subit un désenchantement que les générations précédentes n’ont pas connu. Cette perte de naïveté, cette confrontation à une réalité violente et l’enjeux de l’échéance me poussent à croire que nombreux sont ceux à s’être construit les outils nécessaires pour être capable de passer à l’étape suivante et indispensable : passer de la « résistance » à la « création ».
C’est sur ce point qu’ « Un Max De Trip » travaille. Au long terme une union autour de la création d’un système différent, est indispensable.
Certains se sont montés autour d’une monnaie indépendante, d’autres autour de la construction d’un lieu de vie et d’autres encore par un nouveau système de culture et d’alimentation.
Un Max De Trip a toujours eu pour base le voyage et l’analyse des cultures. Une initiative se fera certainement dans ce sens, mais elle n’en est qu’au tout début et afin de rester cohérent les tenants et les aboutissants d’un tel projet se doivent d’être réfléchis, impactant et clairement délimités. Les premiers temps sont consacrés à la sensibilisation, la consolidation des supports de communication et à la recherche de forces vives et de moyens.